Carnet de route
Le GR 20 du 7 au 20 juillet 2007 par Michel
Sortie : du
Le 21/10/2007 par Michel Rabier
RECIT RANDONNÉE DU GR 20 - 2007
La tentative 2006 ayant échoué pour des raisons diverses, il fallait relever à nouveau ce défi qui pourtant semblait difficile à réaliser. Vu ce qui s’était passé l’année précédente, nous n’avons réservé le bateau au départ de Marseille que très tardivement et ce, en contractant un billet transformable éventuellement cette fois-ci !
Le départ est donc fixé au jeudi 5 juillet 2007 à 5 heures afin de prendre la direction de Marseille que nous devons impérativement rejoindre avant 17 H 30, le bateau étant prévu à 19 heures.
La route se fit sans encombre à l’exception de l’entrée dans la cité marseillaise complètement anéantie par les bouchons mais Alexandre saura déjouer tous les pièges tendus pour finalement nous déposer à 18 H 45. Ouf… Finalement, le bateau embarquera avec une heure de retard à cause du fret excessif avec ce début de période de congés.
Ayant réservé tardivement, nous n’avons pas eu droit à une cabine contrairement à l’année précédente, nous nous sommes donc installés sur des fauteuils puis avons dormi par terre. Néanmoins, le voyage s ‘est déroulé correctement avant de débarquer à Bastia à 7H le lendemain.
Après avoir réservé un hôtel pour le retour sur le trajet de la gare, il ne nous reste plus qu’à attendre le train pour Calvi qui partira à 9 H 30.
Le trajet s’effectuera avec une température à laquelle nous n’étions plus habitués depuis bien longtemps et nous arrivons à Calvi fatigués vers 12 H 30. Il est temps de se restaurer un brin avant de prendre la car pour Calenzana à 14 H.
Nous voilà au gîte municipal de Calenzana où une chambre nous attend. Une douche et nous voilà repartis vers le centre du village pour détecter le restaurant qui conviendra pour le soir mais aussi afin d’appréhender le départ du chemin qui risque de nous faire souffrir !
La soirée sera consacrée à acquérir des renseignements relatifs à l’étape du lendemain.
ETAPE 1 – Samedi 7 juillet 2007 – CALENZANA / REFUGE DE ORTU DI PIOBBU
Le départ est fixé à 5 H 45 sachant que nous devons nous arrêter au restaurant du GR 20 (cela ne s’invente pas) pour déjeuner. Il nous faut prendre des forces avant d’affronter les difficultés. Une demi-heure plus tard, il faut se mettre le sac de 13 kg sur le dos que nous allons devoir supporter 14 jours et ce n’est pas une mince affaire. Mais il fait très beau, la montagne rougeoie et nous sommes motivés.
Le chemin muletier n’est pas trop difficile au début puis la pente s’accentue pour atteindre le promontoire d’Arghjova qui situe déjà à l’altitude de 820 m. Une petite pause nous permettra de contempler derrière nous le village de Calenzana et la baie de Calvi qu’illumine un soleil déjà radieux.
Après la montée se fait beaucoup plus prononcée à travers la garrigue et le maquis où les genévriers ne manquent rarement l’occasion de nous griffer les jambes. Deux heures plus tard, nous atteignons le premier col qui se nommé Bocca à u Saltu et qui culmine à 1 250 m. Heureusement, il ne fait pas trop chaud et la brise est la bienvenue.
Le paysage est grandiose nous offrant toujours la baie de Calvi en perspective. Nous en profitons pour déjeuner avant de repartir vers un autre col, la Bocca à u Barzzichellu (1 486 m) qui nous devrons déjà escalader à l’aide d ‘un câble. Cela promet pour la suite. Néanmoins, nous arrivons un refuge D’Ortu di u Piobbu vers 15 H 30.
ETAPE 2 – Dimanche 8 juillet 2007 – REF. DE ORTU DI PIOBBU / REFUGE CARROZZU
Cette étape nous est annoncée comme étant assez difficile par la patronne du refuge Marie qui nous a concocté des sandwichs au pain qui s’avéreront des "étouffe-chrétiens". En effet, dès le départ, nous serpentons sur des dalles rocheuses immenses avant de crapahuter dans les éboulis qui vont nous mettre en jambes avant d’arriver à la Bocca di Pisciaghja (1950m). Mais ce n’est pas terminé, la montée vers la Bocca d’Avartoli à 2 020 m s’effectue dans un immense pierrier qu’il convient d’escalader dans les meilleures conditions atmosphériques ce qui est le cas.
La suite n’est pas une sinécure non plus. L’escalade prend réellement le pas sur la marche pure entraînant une débauche d’énergie somme toute non négligeable qui risque d’être préjudiciable pour la suite. Nous restons néanmoins en courbe de niveau pour gagner la Bocca di l’Innominata à 1 865 m. Le plus dur est fait et le refuge n’est plus très loin ! Il suffit maintenant de basculer sur le flanc est pour rejoindre le refuge Carozzu mais la descente s’avère assez raide. Pierre-Yves et Gérard descendent à tombeaux ouverts dans le but de déguster une Pietra au plus vite.
Après une bonne douche et la lessive traditionnelle, Pierre-Yves, Gérard et Michel vont donc déguster leur bière avec Lydia, une alsacienne et Dominique tandis que moi, je vais m’adonner à un bon bain à la passerelle de Spassimata. Là, je fais la connaissance de 3 jeunes de Concarneau qui se permettent d’effectuer pour leur coup d’essai 3 étapes en une.
Le soir, nous avons le plaisir de dîner sur la terrasse du refuge en compagnie de 2 lyonnais super sympas Françoise et Thierry mais aussi avec une toulousaine, ex orléanaise Catherine. Inutile de préciser que la soirée n’a pas été triste du tout, Thierry se faisant "chambrer" sans arrêt.
ETAPE 3 – Lundi 9 juillet 2007 – REFUGE CARROZZU / REFUGE D’ASCO STAGNU
Avec un peu retard, nous quittons le refuge Carrozzu vers 7 heures. Il fait beau pour descendre mais un peu frais pour descendre à la passerelle de Spassimata. Après la traversée du ruisseau, la montée est difficile sur des grandes dalles rocheuses puis dans un pierrier gigantesque. L’ascension est rude à travers les aulnes et les rochers.
L’ascension est pénible à travers des rochers énormes. Après 4 heures d’ascension, nous débouchons sur le lac de la Muvrella situé à 1 860 m. Pendant ce temps, Dominique dit le TGV, ne tarde que d’arriver au refuge alors que pour nous il reste encore pas mal de chemin à parcourir !
Nous quittons le lac pour grimper dans un couloir assez raide qui va nous emmener à la Bocca di a Muvrella situé à 2 000 m d’où nous jouissons d’une superbe vue sur la baie de Calvi et tout le chemin que nous venons de parcourir durant 2 jours.
Après avoir franchi, la Bocca di Stagnu, dernière difficulté de la journée, nous descendons vers le refuge du Haut Stagnu par un chemin assez raide le risque de chute est omniprésent. Mais le jeu en vaut la chandelle car le site est somptueux. En effet, nous sommes au pied du Monte Cinto, point culminant de la Corse où il reste encore de la neige.
ETAPE 4 – Mardi 10 juillet 2007 – REFUGE D’ASCO STAGNU / REFUGE DE TIGHJETTU
L’heure de vérité est arrivée. En effet, c’est cette étape qui fait figure d’épouvantail dans ce périple. Il va donc falloir relever le défi ! Nous partons vers 7H sous un soleil radieux pour nous diriger vers le col de Stranciacone d’où nous atteignons la moraine de couleur rougeâtre de Lavu d’Altore à 1 930 m.
De là, il faut jouer des bras pour escalader un dédale d’éboulis monstrueux pour atteindre la Bocca Tumasginesca d’où l’on découvre le fameux Cirque de la Solitude. C’est une sorte de entaille de 350 m de profondeur qu’il faut d’abord descendre avec d’infinies précautions en s’aidant des câbles, des chaînes et des échelles disposés sur le parcours. Ensuite, il faut la gravir sur son flanc sud est avec les mêmes moyens pour atteindre la Bocca Minuta qui culmine à 2 218 m. La plaisanterie dure environ 3 heures par temps sec car s’il pleut la mission devient quasi impossible ! En tout cas, que de forces et de concentration laissées dans cette épreuve et le périple est loin d’être terminé !
Une fois le col passé, l’affaire n’est pas terminée car la descente vers le refuge Tighjettu s’effectue entre des dalles énormes de granit puis à travers les éboulis ce qui achève nos dernières forces. Une bonne douche puis une Pietra savourée en compagnie de nos amis précédemment cités. Nous côtoyons également une famille française de la région parisienne : le père porte un sac de 30 kg, la mère 15 et les 3 enfants leur cote part qui ont passé le cirque de la Solitude en chantant s’il vous plaît !
Nous avons dîné avec un groupe de nantais super sympas et Françoise s’est chargée de l’ambiance en nous offrant une bouteille de vin. Mais ce n’était qu’un début car le patron du refuge Charlie,
très sympa qui ne voulait pas être en reste, nous a offert la myrte à la fin du repas.
Enfin, les forces commençaient à revenir !
ETAPE 5 – Mercredi 11 juillet 2007 – REF. DE TIGHJETTU / REF. DU COL DE VERGHIO
Nous partons comme d’habitude vers 7H sous le regard attentif de notre hôte, Charlie, que nous remercions vivement de son hospitalité et de sa bonne humeur. Le chemin descend d’abord vers le sud pour atteindre les bergeries d’U Vallonne qui sont fermées à cette heure. Dommage, nous avions prévu de nous ravitailler en fromage mais il faudra attendre. Nous serpentons le long du Viru qui nous offre de merveilleuses vasques d’eau limpide que nous ne pouvons que contempler, faute de temps.
Mais la rêverie va vite s’estomper car au-delà des bergeries, au pied de la Paglia Orba, nous franchissons le ruisseau avant d’attaquer la rude montée à travers des barres rocheuses sous un soleil de plus en plus envahissant. Cette montée est longue et laborieuse pour atteindre la Bocca di Fucciale qui culmine à 1 962 m. Nous faisons une pose au col pour nous ravitailler et reprendre quelques forces car l’étape n’est pas terminée du fait que nous allons au col de Verghio.
Nous longeons les crêtes pendant une vingtaine de minutes avant d’atteindre le refuge de Ciottulu à i Mori. Il est situé dans un cadre extraordinaire au pied de la Paglia Orba, piton de granit rose. La vue est grandiose mais la réception au refuge l’est beaucoup moins. Trois hommes en treillis kaki discutent en langue corse tout en nous fusillant du regard. Qu’à cela ne tienne, nous nous installons à une table pour casser la croûte. A l’issue du repas, nous sollicitons un café et tentons d’engager la conversation en leur demandant si la saison est satisfaisante. L’un d’entre d’eux nous balance à la figure sa philosophie : « si l’argent se présente à moi, je le prends mais dans le cas contraire, je ne vais pas le chercher. Il ne faut surtout pas venir ici pour faire fortune ». Nous buvons notre café en omettant bien entendu de contester, nous tenons à repartir sans encombre.
Nous suivons les crêtes et pouvons ainsi jouir d’un magnifique paysage mais le ciel s’assombrit et le risque d’orage grandit. Nous descendons dans la vallée du Golu, plus long fleuve corse, qui nous offre ses belles vasques d’eau claire que les militaires britanniques ont testé avec plaisir.
Un peu plus loin, nous croisons les bergeries de Radule qui nous permettra cette fois de faire des provisions en fromage avant d’arriver au col de Verghio, terme de l’étape.
ETAPE 6 – Jeudi 12 juillet 2007 – REF. DU COL DE VERGHIO / REFUGE MANGANU
L’étape du jour est plus courte de 2 heures correspondant au trajet nous avons anticipé la veille, le moral est donc au beau fixe. De plus au départ, le chemin serpente en sous bois en suivant les courbes de niveau ce qui ne présente aucune difficulté, ce qui n’est pas fait pour nous déplaire non plus.
Mais cela ne dure malheureusement pas. La pente s’accentue subitement, heureusement il fait encore frais. Une heure et demi plus tard, nous sommes à la Bocca San Petru (1 452 m). A cet endroit, les pins Laricio sont voûtés par le vent leur donnant des formes étranges. Après une petite pause, nous repartons quand, soudain nous croisons la famille belge. La veille, ils ont dû bivouaqué car leur fille Cécile, 15 ans était anéantie par l’extrême fatigue accumulée lors de l’étape précédente doublée.
La pauvre, elle titube littéralement pour redescendre. Pour eux, le périple est maintenant terminé, seul compte la santé de cette jeune fille pourtant mordue. Après cette rencontre peinante, le chemin nous emmène vers un lieu magique, le lac Nino bordé par des pozzines extraordinaires. Il n’en fallait pas plus pour que nous posions les sacs pour déjeuner . A la fin du repas, qui voit-on arriver ? Catherine qui s’empresse de refroidir les gars à l’aide d’une bouteille d’eau ! Quant aux autres, ils ne sont pas loin, tels des lézards au soleil.
Cependant, il faut repartir car l’étape est loin d’être terminée. Nous longeons continuellement le Tavignanu avant d’atteindre les bergeries de Vaccaghja. Là, nous rencontrons le berger à qui emmène une belle écuyère, Lydia qui vient d’abandonner sur blessure. Le refuge est en vue mais il ne faut pas tarder car le temps devient très menaçant. A notre arrivée, nous rencontrons Françoise qui s’en va piquer une tête dans le ruisseau. Quel courage !
ETAPE 7 – Vendredi 13 juillet 2007 – REFUGE MANGANU / REFUGE DE PETRA PIANA
Cette étape est très attendue. C’est sans doute la plus belle mais aussi l’une des plus difficiles. Nous partons vers 6H 30, il fait frais mais nous ne tardons pas à voir la sueur arriver En effet, dès le départ, le sentier se faufile à travers les dalles et les barres rocheuses qu’il faut escalader. Pierre-Yves et Gérard sont partis devant tandis que Michel est à mes petits soins. Au bout de trois heures d’effort, nous terminons l’ascension de la brèche de Capitellu dans un pierrier digne de ce nom.
Mais quel spectacle dès que la brèche est franchie ! Les lacs Melo et Capitellu sont à nos pieds nous offrant une vue inoubliable. Cependant, la pente est très raide et il faudra faire très attention pour la descente.
Justement, le groupe nantais est juste devant nous. Quand l’une des femmes met le pied sur une pierre qui malheureusement ne tenait pas. Aussitôt, c’est la chute irrémédiable sur cinq mètres. Elle se relève la figure en sang. En effet, le cuir chevelu est ouvert et il faudra que le médecin du groupe de britanniques lui prodigue les premiers soins. Conclusion : on n’est jamais trop attentif !
La descente est très périlleuse et nous prenons tout notre temps. Nous délaissons même le GR 20 pour prendre un raccourci plus facile. De nouveau, nous voilà en train d’escalader des dalles de granit rose pour atteindre la Bocca Muzella qui culmine à 2 206 m tandis que nous longeons les lacs du Rinosu. Nous effectuons la descente pas à pas vers le refuge en compagnie de Michel tandis que Pierre-Yves et Gérard cavalent devant.
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