L'alpinisme au Patrimoine culturel immatériel de l'Unesco

L'alpinisme est inscrit au Patrimoine culturel immatériel (PCI) de l'Unesco depuis le 11 décembre 2019.
Le dossier était présenté par la France, l'Italie et la Suisse (la Fédération française des clubs alpins et de montagne est membre du comité de pilotage).
Qu'est-ce que le Patrimoine culturel immatériel (PCI) ?
Issu d'une convention internationale de 2003, le PCI ne se limite pas aux monuments et aux collections d'objets, mais comprend aussi les traditions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises à nos descendants, parmi lesquelles les connaissances et pratiques concernant la nature et les savoir-faire nécessaires à ces activités traditionnelles. À ce jour, 508 pratiques sont inscrites au PCI, dont l'équitation française (représentée par le Cadre noir de Saumur), le compagnonnage, la gestion du danger d'avalanches (Autriche/Suisse), le yoga (Inde), ou encore le reggae (Jamaïque). Pour en savoir plus sur le CPI.

Pourquoi l'alpinisme était-il candidat au PCI ?
L'alpinisme est l'art de gravir les montagnes, par ses propres moyens, physiques, techniques et mentaux, chacun évaluant à son niveau face aux obstacles naturels, en toute responsabilité, et dans le respect du milieu dans lequel il évolue. Cette pratique physique traditionnelle se caractérise par une culture partagée, un art fait de savoirs, de savoir-faire et l'acquisition indispensable de connaissances variées sur le milieu d'exercice et son environnement. Pour de nombreux alpinistes, c'est un style de vie enraciné dans des siècles d'histoire et de tradition.
Quels sont les critères auxquels l'alpinisme a dû répondre pour obtenir cette inscription au PCI ?
- une histoire, vivante à travers ses traditions ;
- un ancrage local ;
- une représentation internationale ;
- des valeurs universellement partagées ;
- l'existence d'une transmission, et de structures l'assurant (clubs, écoles spécialisées, revues, sites…).
Quels sont les apports d'une inscription du PCI ?
Cela porte la définition de cette pratique au niveau d'une organisation internationale. Elle est désormais "protégée", ce qui ne veut pas dire qu'elle sera figée. L'alpinisme se revendique de son histoire, ce qui n'empêche pas les alpinistes eux-mêmes de l'avoir fait évoluer dans ses techniques et son esprit, particulièrement ces dernières années, y apportant un souci constant d'engagement environnemental, un humanisme et une éthique. C'est sur ces bases que la demande d'inscription a été présentée, portée par et au nom de toute la communauté montagnarde : pays, communes, fédérations, clubs, organisations professionnelles....
L'inscription de l'alpinisme au PCI permet une reconnaissance universelle à travers un label international, mais aussi la valorisation d'un savoir-faire, d'un savoir-être et de valeurs spécifiques ancrées dans la pratique depuis des siècles. Par ailleurs, la communauté montagnarde dispose d'un texte sur lequel on peut asseoir la défense de l'activité et de sa pratique. Enfin, concrètement, cela suscite des engagements de la part des États et des structures associées, afin de préserver l'activité et les conditions de sa pratique.
Des mesures de sauvegarde
L'inscription au PCI permet de prendre de mesures de sauvegarde pour préparer l'avenir, assurer la pérennité de la pratique, et la défendre. Quatre grands axes sont identifiés :
- Une nécessité de transmission : l'alpinisme ne peut se définir que s'il est vivant, si sa pratique est transmise aux jeunes générations. Ses valeurs éducatives, telles que la prise de risque mesurée, "l'esprit de cordée", le respect du milieu naturel, sont essentielles dans une société qui tend vers l'aseptisation et la sécurisation à outrance.
- une banalisation du terrain d'exercice : les aménagements de tous ordres rétrécissent l'espace, et surtout, altèrent le rapport étroit que l'alpiniste entretient avec la nature. L'esprit de découverte, l'immersion dans un environnement sauvage et la recherche d'un contact non médiatisé entre le pratiquant et son milieu tendent à s'effacer, et avec elles la culture de l'alpinisme.
- une judiciarisation croissante, affectant professionnels, et aussi amateurs dans la recherche de la responsabilité. La cordée, traditionnellement, a toujours fonctionné sur le mode de la responsabilité partagée. C'est un élément culturel fort de l'alpinisme.
- l'impact du réchauffement climatique, auquel les montagnes paient un lourd tribut : recul glaciaire, déstabilisation des terrains et écroulements parfois catastrophiques. Ils détériorent certains accès et itinéraires, décalent les saisons de pratique.
Le comité de pilotage :
- Les États soumissionnaires : France, Italie, Suisse.
- Les Communes : Chamonix, Courmayeur, Orsières.
- Les Clubs Alpins : Club Alpin Français (FFCAM), Club Alpin Italien (CAI), Club Alpin Suisse (CAS-SAC).
- Les Associations nationales de Guides de haute-montagne : Syndicat National des Guides de Montagne (SNGM, France).