Carnet de route

Arête des Papillons
Le 21/10/2007 par Bruno Hedde
Histoire de papillons.
Nous profitons, Noé et moi, de cette journée annoncée avec 100% de soleil pour faire « L’arête des papillons ».
Lever tôt, 1 heure de route vers Chamonix, nous prenons la benne de 8h30 pour le plan de l’aiguille. Les photos vues sur internet la veille sont alors bien moins évidentes ! où est l’arête ?, la serveuse nous confirme la direction…
Marche d’approche facile, 1h, sur le sentier puis, direct vers le pied de l’arête. Les données internet sont alors précieuses.
- 1er départ : par la fissure cheminée, les 5 premiers mètres de ce 5b me font frémir, le passage suivant me fait faire demi-tour : petit rappel avec la corde prise sur un éperon incliné (Attention : ne pas jouer à saute rocher sur ce genre de rappel).
- 2ième départ : dans le dièdre 10 m à droite : contrefort facile jusqu’au début du dièdre, c’est alors une escalade délicate sur une belle dalle fissurée : j’adore, chaque prise est vérifiée avec concentration. Je pose 5 dégaines sur cette longueur de 70 m, contrairement aux falaises équipées il est ici hors de question de voler. Le mental est au beau fixe.
Cette 1ère longueur arrive sur la sente de descente, qui nous est confirmée (l’information est toujours bonne à prendre) par l’arrivée surprenante de deux polonaises. (Elles ont manqué la 1ère longueur).
Nous partons les premiers dans la 2ième lg, petite dalle (5a) puis escalade variée de plusieurs longueurs dans une suite de blocs, ressauts, dalles, ….
Le 1er passage significatif est ce mur de 5 m, avec la double fissure. Noé est juste en dessous (il me voit). La fissure de gauche est bonne pour un coincement de pieds (le décoincement est parfois difficile), la fissure de droite est très profonde, faces très lisses, et trop large (>12cm). Elle offre toutefois à mi hauteur un bloc coincé (qui semble retenir l’écrasement des 2 faces). Ce bloc permet en 3 phases a) très bonne prise de main, b) un point d’assurage parfait avec une sangle c) très bonne prise de pieds. Ces 5m sont délicats (5c 6a); mais la sécurité est assurée par un friend, une sangle, un coinceur.
L’ascension est un régal, les sensations sont autres, les gestes sont mesurés et nouveaux : je découvre avec plaisir une gestuelle inconnue, la montagne offre bien entendu beaucoup plus de variété que les murs des gymnases d’Orléans. Nous sommes seuls, la montagne est magnifique.
A un des relais peu confortable, j’innove dans un lovage de la corde : raté, le nœud de nouilles est impressionnant. Le démêlage prendra un bon quart d’heure.
Et puis voilà enfin le passage évoqué dans tous les récits : l’approche se fait sur l’arête horizontale, à gauche 600 m de gaz, on voit toute la vallée de Chamonix, à droite 400 m de gaz, devant une large fissure de 1m (encore le vide) puis se dresse un mur lisse avec une corde et le piton qu’il faut atteindre. Sous les pieds une plate-forme plate de 40cm x 40, il faut se mettre debout et avancer cm par cm, la plate-forme se réduit (20x20), et le mur est encore à 1m : mains en avant, il faut alors basculer en avant, les 2 mains en appui sur la paroi. Ensuite la corde permet de poser une dégaine, de se rétablir et de poursuivre de l’escalade de cette dalle. Impressionnant.
15 heures, connaissant les impératifs horaires du secteur (dernière benne à 18h); nous faisons un premier rappel à partir d’un départ équipé (2 spits reliés). Nous arrivons sur la large vire herbeuse où nous savourons notre sandwich. Le 2ième point de rappel est 30 mètres à droite, pour l’atteindre (non encordé) il faut faire un pas ! la seule bonne prise n’est pas stable, je décide de faire descendre ce bloc. Il part facilement, en libérant de nouvelles prises stables permettant d’atteindre le point de rappel. Mais ce bloc s’est coincé 5 m plus bas. La corde est mise en place, Noé descend et je lui demande de faire descendre le bloc instable : mais la corde sera sur le passage. Noé finit la descente, lors de ma descente je vérifie la gaine, qui est abîmée : je fais un nœud et finis la descente.
Nous rejoignons la sente qui passe en haut de la 1ère lg, et rejoignons la benne (3/4 d’attente !!) dans une foule dont pas plus de 10% des personnes sont équipées !
Bruno